Abel Bonnard est resté dans l’Histoire comme chantre de la Collaboration, ministre de l’Education nationale du gouvernement Laval. On croise son nom dans tous les livres sur l’époque, mais il n’avait jamais fait l’objet d’une biographie. C’est désormais chose faite grâce à Benjamin Azoulay, dont l’ouvrage (Abel Bonnard, plume de la collaboration, Perrin) s’appuie sur des recherches universitaires faites à l’ENS. C’est l’occasion de rappeler qu’avant de se consacrer à la politique à partir des années 1930, Bonnard fut un dandy réputé, poète et chroniqueur, figure des salons littéraires, proche ami du couple Régnier, qu’il rencontrera souvent à Venise, comme membre de ce club informel que Morand nommera « les longues moustaches »… Régnier soutient Bonnard, lui consacre des articles dans son feuilleton du Figaro (y compris son célèbre pamphlet de 1936, Les Modérés), évoque dans De mon temps sa réception à l’Académie, où il fut l’un de ses parrains. L’intéressante biographie d’Azoulay, qui ne s’attarde certes pas spécifiquement sur les rapports Bonnard-Régnier, mais qui cite ce dernier à plusieurs reprises, permet de mieux cerner la trajectoire d’un personnage marquant de l’histoire littéraire et politique, à la réputation encore sulfureuse, dont les livres – malgré quelques rééditions récentes – sont à peu près introuvables de nos jours.

B.Q.

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